Angers : une nouvelle dynamique

Relégué en Division II en 1981, le SCO tient à retrouver l'élite assez rapidement. Depuis quatre ans, Jacques Tondut et son équipe ont complètement restructuré leur club. Pour faire revenir dans un premier temps le public au stade.


Pierre Vermeulen : élément expérimenté au service du groupe. Après avoir évolué en Division I avec le Paris S.G., il aimerait y revenir avec Angers. (Photo Presse-Sports).

Relégué en juin 1981, le S.C.O. d'Angers a donc entamé, voilà peu sa dixième saison consécutive en Division II. Et cela commence à faire long pour les supporters et... les dirigeants du club. Pour Jacques Tondut - président du S.C.O. depuis 1986 après avoir été auparavant vice-président et médecin - le diagnostic est vite établi. "Dix ans, ça fait long, affirme-t-il d'emblée. Aujourd'hui nous travaillons à tous les niveaux dans la perspective d'un retour en Division I. Non pas pour juin prochain mais pour 1992. Oui, c'est notre ambition. Nos supporters ne comprendraient pas que nous stagnions dix ans encore en Division II. Ils en ont assez de voir toujours jouer les mêmes équipes. Comme Gueugnon ou Beauvais. Ils aimeraient eux aussi voir le S.C.O. face à Nantes, Marseille ou Monaco. Angers mérite de retrouver l'élite du football français."

Depuis plus de dix ans au club, Jacques Tondut a pu mesurer l'énorme travail de restructuration effectué à partir de 1986. Voilà quelques années, le S.C.O. connut, en effet, de sérieuses difficultés. Tant sur le plan financier qu'au niveau relationnel entre les uns et les autres... Aujourd'hui - fort heureusement - une nouvelle dynamique existe. Le S.C.O. est redevenu crédible aux yeux de tous : mairie, collectivités locales et régionales, sponsors et supporters.

"Mes prédécesseurs, MM. Patureau et Bongibault ont dû faire face à de sérieuses difficultés. C'est vrai, ajoute Jacques Tondut. Après la rélégation en Division II, le S.C.O. a traversé une crise très grave. Il faut le reconnaître. En 1986, quand je suis finalement devenu président du club, le déficit s'élevait à six millions de francs. Une somme déjà importante pour une ville comme Angers et un club comme le S.C.O. Dans d'autres clubs de Division I, le déficit est certes parfois bien plus élevé, mais pour Angers, c'était déjà considérable. Malgré tout, j'ai accepté de prendre en main la direction du S.C.O. à deux conditions. D'abord, il fallait impérativement que la ville prenne à sa charge ce déficit de six millions et enfin la création d'une S.E.M. était devenue une obligation."

Ayant obtenu satisfaction, Jacques Tondut put alors travailler avec ses amis. Le S.C.O. repartait enfin sur des bases sérieuses et crédibles. Quatre ans plus tard, sa gestion est devenue un modèle de rigueur. Comme le souligne son président : "A partir du moment où la municipalité avait effacé l'ancienne dette, il n'était pas envisageable de se planter dans notre gestion. Alors depuis quatre ans, on dépense seulement ce que l'on a. Chez nous, il n'y a aucun problème financier. D'ailleurs, le Président du Conseil de surveillance de la S.E.M. est tout simplement l'adjoint au maire chargé des finances. Dès lors, tout est clair."

Des relations de confiance

Actionnaire principal de la S.E.M. (51% avec le club), la municipalité angevine a en tout cas revu sa subvention à la hausse depuis 1986. Celle-ci passant de 1,5 million de francs à 4. Pour sa part, le Conseil Général a fait lui aussi un effort. Son aide financière, qui était seulement de 150.000 francs, est aujourd'hui d'un million de francs.

Rassuré sur le plan financier, Jacques Tondut s'est alors consacré au domaine sportif. Confiant, après le départ de Pierre Garcia en 1988, la responsabilité de l'équipe professionnelle à Hervé Gauthier. Un entraîneur dynamique et compétent. "Il existe entre nous des relations de confiance, précise le président angevin. Nous travaillons en parfaite concertation. En tout cas sur le plan technique, il est le seul patron. Je dis bien le seul. Je ne me permettrai jamais de m'immiscer dans ses affaires."

En tout cas, Jacques Tondut et Hervé Gauthier ont effectué un excellent recrutement lors de l'intersaison. En engageant Gilles Barragué (comme doublure de Jean-Marie Aubry), Frédéric Zago (Lyon), Roland Lagaronne, Malick Fall (Abbeville) et surtout l'ancien capitaine nantais Loïc Amisse. A trente-six ans (depuis le 9 août dernier), celui-ci avait encore envie de mouiller le maillot sur les terrains de football. Entre Jacques Tondut et "Lolo", le courant est passé immédiatement.

"Nous avions besoin d'un type comme lui pour encadrer nos jeunes, souligne le président du S.C.O. La saison dernière, nous avons parfois perdu des matches, car nous ne possédions pas un meneur comme Loïc. Aujourd'hui, sa présence sur le terrain et en dehors est un sérieux plus pour toute l'équipe. Son passé est si riche. Vraiment, sa venue représente un beau cadeau pour le S.C.O. A nous de ne pas gâcher cette chance supplémentaire."

Ayant signé un contrat de deux ans, Amisse va s'efforcer de conduire sa nouvelle équipe en Division I. Mais dans l'immédiat, chacun entend engranger un maximum de points en ce début de saison. Pourtant avec neuf points obtenus à l'issue des cinq premières journées, le bilan est déjà très satisfaisant. Jacques Tondut tient toutefois à demeurer calme et réservé. Une saison est si longue...

"Exactement. Il ne faut pas se croire déjà arrivé. Mon objectif pour ce championnat 90-91 est de terminer quatrième ou cinquième. A aucun moment, je n'ai envisagé de remporter le titre de champion du groupe B. Dans ce groupe, deux équipes devraient jouer un rôle intéressant et se disputer la première place. Le Havre tout d'abord et Lens. Même si ce dernier a mal démarré, je demeure convaincu qu'il va se reprendre. On en reparlera. Nous, on va tâcher de continuer à rester en haut du tableau le plus longtemps possible. Après on verra..."

Le retour du public

L'élément essentiel survenu depuis le 21 juillet dernier aura été la mobilisation du public. Ainsi, le 11 août pour son match contre Créteil, le S.C.O. attira près de neuf mille spectateurs. En période de vacances, c'est tout de même très intéressant.

Puis pour la récente venue du Mans, Jacques Tondut était convaincu que la barre des dix mille serait franchie. Bref, le public angevin entend de nouveau encourager son équipe à fond. Afin que celle-ci puisse évoluer dans un contexte très favorable. Si le S.C.O. demeure aussi bien classé, il n'est pas impossible que certains matches contre des clubs comme Le Havre ou Rouen se disputent devant 15.000 spectateurs ! Ainsi Angers redeviendrait une grande ville de football. Une ville qui souhaite revoir les ténors du football français dans quelque temps.

"Il ne faut pas s'enflammer inutilement, conclut Jacques Tondut. Chaque match est important. Je le répète constamment aux joueurs. Il y a toujours deux points en jeu."

Président et médecin du club, Jacques Tondut a su appliquer au S.C.O. le meilleur traitement. Aujourd'hui, son club revit. Grâce à lui et quelques autres...

MARC ESTEN

Merci au magazine FOOT (septembre 1990) pour l'article et à Marc M. pour les scans.