Bon anniversaire Kopa

Raymond Kopa, le « Napoléon du football français », comme le surnomma un jour un journaliste anglais, a eu soixante ans dimanche. Hommage à un alerte sexagénaire.

Petit-fils d'émigrés polonais, Raymond Kopasziewski, plus connu sous le nom de Kopa, avait son destin tout tracé ; comme son père, il serait mineur dans les houillères de Noeux-les-Mines. Son talent pour une petite balle ronde en décida autrement.

Après avoir débuté dans le club local de Nœux, il fait ses classes à Angers où il rencontre un entraîneur du nom d'Albert Batteux. Sa carrière prend véritablement son essor à partir de 1950, avec le stade de Reims. Champion de France 1953 et 55, finaliste de la première Coupe d'Europe des clubs champions en 1956, Kopa, dribbleur de génie et l'homme de la dernière passe, devient une star mondiale. Son transfert à sensation au Real Madrid, le géant de l'époque, où il rejoint Alfredo Di Stefano et Ferenc Puskas, le propulse au plus haut niveau. Il gagne trois coupes d'Europe et est sacré « ballon d'or » en 1958. Cette même année, il s'illustre en Suède lors de la Coupe du monde, en compagnie des Just Fontaine, Roger Piantoni, Jean Vincent et autres Robert Jonquet et Armand Penverne.

La France termine troisième, après une demi-finale de feu contre le Brésil de Pelé (2-5). De retour à Reims, il décroche deux nouveaux titres de champion de France, mais connaît aussi le Championnat de division 2...

Après avoir raccroché les crampons en 1969, il réussit sa reconversion, s'investit totalement et devient directeur des ventes dans une société de vêtements sportifs. A la fin de l'année, il prendra sa retraite. « Mais pas complètement, dit-il. Les dirigeants de l'entreprise comptent encore sur moi ».

Foot-passion

Raymond Kopa n'a en fait jamais cessé de jouer au football. A soixante ans, il fait toujours partie de l'équipe des vétérans de Notre-Dame des Champs, à Angers. « J'ai fêté mes soixante ans en famille, mais auparavant j'ai disputé comme d'habitude mon match avec mes amis, précise-t-il. Je compte bien jouer encore une dizaine d'années et continuer à pratiquer le tennis » où il est classé 30.

Les jeunes téléspectateurs l'ont découvert le 11 septembre dernier à l'occasion du match de gala marquant le vingtième anniversaire du Variétés Club. « J'ai été touché qu'on m'ait invité. Lorsque Michel Platini m'a passé le ballon, cela m'a fait tout drôle. Un moment unique. Je me suis régalé, car entre grands joueurs on se comprend toujours ».

Raymond Kopa est très heureux des bons résultats actuels de l'équipe de France. « Elle est moins brillante que celle de Platini, Giresse et Tigana qui ressemblait beaucoup, elle, à la nôtre. Mais les joueurs en veulent. Ils peuvent aller loin ».

Kopa, à la différence de Platini, n'a jamais été sélectionneur ou entraîneur. « Je pense que j'avais les qualités de meneur d'hommes nécessaires pour réussir dans ce métier. Mais son côté aléatoire m'a conduit à choisir une autre voie. Je ne regrette rien ».

Pour lui, seule a toujours compté la vérité du terrain. « Les affaires qui ont secoué ces derniers temps le football français m'ont attristé. Comment aussi pourrais-je rester insensible à la liquidation judicaire qui frappe le Stade de Reims. Le football doit être au contraire synonyme de spectacle et de bonheur ».


Le ballon lui collait aux pieds. (Photo ADPI.)

Merci au Courrier de l'Ouest (1991) pour l'article et à Marc M. pour le scan.