François FELIX

Mignot : « Angers relève le gant »

De notre correspondant Tony EFFLING

ANGERS. — Epargné jusqu'ici par les rigueurs de l'hiver, Angers, pays de la douceur de vivre était noyé hier sous un véritable déluge.

Malgré une pluie torrentielle sous laquelle les passants se pressaient, la location des places pour le derby Angers-Nantes, ouverte depuis une dizaine de jours déjà, n'a cessé de fonctionner toute la journée.

On s'attend, dans ces conditions, et malgré le temps pluvieux qui ne devrait pas durer, qu'il y aura environ quinze mille spectateurs samedi soir au stade Jean-Bouin.

Cette deuxième manche du derby de la Loire est d'ores et déjà assurée du succès. On ne battra peut-être pas le record d'affluence et de recette, étant donné que l'on est au début de février, mais ce qui est certain c'est que cette deuxième manche se déroulera sous le signe de la revanche. Si l'entraîneur d'Angers, Aimé Mignot, évite soigneusement de parler du cinglant échec subi au match aller (une avalanche de cinq buts que personne n'a digéré dans les rangs angevins) il est cependant hors de doute que chacun des joueurs, de Brulez à Félix, en passant par Cassan, n'a qu'une idée en tête : effacer cet affront.

Malgré l'indéniable supériorité de Nantes, tous les Angevins sont persuadés qu'ils peuvent y parvenir. A commencer par l'entraîneur Aimé Mignot qui déclare: « Oui, c'est vrai, le F.C. Nantes nous est supérieur mais Angers-Nantes ce sera un derby et le fait même qu'il s'agisse de derby change toutes les données du problème. J'ai assez vécu de derbys Lyon-Saint-Étienne pour savoir que ce genre de match [n'est pas ndlr] comparable avec un autre match. Quelle que soit la valeur des équipes en présence.

Un derby, c'est un peu comme la Coupe, cela transcende généralement les plus faibles face aux plus forts.

Aussi vous pouvez être sûr que les Angevins se hisseront au niveau des Nantais.

Tous savent que le match va être dur et tous manifestent de l'entrain. Comme ils savent qu'ils sont huit sur les rangs pour six places â pourvoir au milieu et en attaque, je vous prie de croire que des garçons comme Michel Cassan, Patrick Gonfalone en particulier, qui ont été moins en vue ces derniers temps en raison d'un retard dans leur préparation a la suite de blessure, mettent les bouchées doubles.

Ils veulent en effet reconquérir leur place, alors que Citron, Augustin et Princet paraissent mieux placés pour le moment.

Cela dit, ajoute Mignot, si nous avons un impérieux besoin de points pour arracher notre maintien en Première Division, Nantes a également besoin d'en engranger pour enlever le titre de champion. Par conséquent, on peut en déduire que l'on ne se fera pas de cadeau de part et d'autre.

Toutefois, j'hésite à dire à mes joueurs que de ce match dépendent leur avenir ou plus simplement leurs chances de maintien en Première Division, car après cette rencontre il y en aura d'autres. Même si ce derby de la Loire dépasse en intérêt, en raison de son caractère, les matches qui nous attendent face à Strasbourg et a Monaco par exemple.

En vérité, ce qui nous importe également en ce moment, c'est le parcours que va accomplir Valenciennes. Si les Nordistes appelés à se rendre a Bastia, puis à recevoir Sochaux, ne réussissent pas à gagner de points avant notre match en retard, qui pourrait avoir lieu le 24 ou le 25 février, alors nous nous présenterions devant eux en position de force. Mais n'anticipons pas.

Pour l'heure, il s'agit de faire un bon résultat face à Nantes, une grande équipe contre laquelle nous seront honorés de briller. »

Félix: « J'en ai vu d'autres! »


François Félix: «Nantes serait la plus bette conquête du S.C.O...»

ANGERS. - Installé dans une ancienne ferme angevine, remarquablement restaurée et aménagée, François Félix, nouveau seigneur des bords de Loire, ancien héros de l'aventure européenne de Bastia en Coupe de l'UEFA, guette du haut de la butte où il a élu domicile le moindre rayon de soleil.

Des hauts de Juigné-sur-Loire, où il a élu domicile, il domine la plaine non loin du fleuve royal. La Loire est actuellement secouée par des rouleaux d'écume qui font peur.

« C'est l'hiver a Bastia aussi » se console Fanfan Félix, qui retournera cependant, sans aucun doute, en Corse une fois sa carrière de footballeur professionnel terminée. Mais que l'on se rassure à ce sujet, ce n'est pas encore pour demain. Fanfan n'a rien perdu de son dynamisme. La douceur angevine ne lui a rien retiré de sa mentalité de gagneur, de braconnier des stades.

« Voyez-vous, dit-il, c'est presque mieux pour nous de ne pas avoir joué à Valenciennes où nous aurions été défavorisés, la semaine dernière, sur un terrain verglacé.

De cette façon, nous avons pu mener rationnellement notre préparation en vue de ce derby contre Nantes. Et puis, pour tout vous dire, Nantes c'est une grande équipe, mais moi j'en ai vu d'autres. Le Sporting de Lisbonne, Newcastle, Torino, les Grasshoppers, Eindhoven, croyez-moi...

Alors, si mes copains d'Angers, qui en valent bien d'autres, arrivent à croire en leurs moyens et à se persuader qu'ils peuvent s'imposer, nous pouvons y parvenir. »

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Félix a le moral et qu'il sait comme personne le communiquer à son entourage.

La meilleure preuve que le SCO ne part pas battu d'avance, c'est l'excellente ambiance qui a régné, hier après-midi après l'entraînement, lorsque l'un des plus vieux fidèles supporters du SCO a tenu à offrir la galette des rois à ses petits gars.

On a trinqué, bien sûr, mais en évitant de faire des pronostics. Tout le monde s'en garde mais tout le monde croit que le SCO va gagner.— T.E.

Un grand merci à l'Equipe pour cet article. Merci aussi à cris72 pour le scan.