Michel CASSAN : le gentleman-farmer

ANGERS. - Imaginer que Michel Cassan aura trente ans le 24 octobre prochain tient un peu de la galéjade. Son agréable visage au regard noir et malin évoque plutôt le conscrit qui vient d'être reconnu bon pour le service. Il a pourtant pris un peu de bouteille depuis huit ans qu'il est à Angers, car à son arrivée en 1971, c'était bien autre chose ; il avait l'air alors bien plus d'un premier communiant que d'un footballeur.

Il arrivait d'Evreux ou son père, fonctionnaire de police, avait été muté, venant d'Algérie où Michel était né à Frenda en 1949.

A 12 ans, il avait signé une licence minimes à l'Evreux AC. Et très vite, il avait gravi les échelons pour arriver à 17 ans, dans l'équipe première. C'est là que le SCO, six ans plus tard, était venu le chercher. Il accomplit donc sa septième saison angevine. Et depuis deux ans, il porte le brassard de capitaine. Un capitaine apprécié et sans histoires.

Ses qualités sont bien connues : belle santé, tempérament généreux, gagneur, bonne technique, bonne vision du jeu, sens du « coup à faire »... autour de la balle aussi. Et là, cette qualité est prise parfois pour un petit travers... Aimé Mignot dit certains soirs : « Un de ces jours. Il va me dribbler le poteau de corner. »

Michel en convient... à demi.

« D'abord, dit-il, peut-on prétendre que c'est un défaut d'aimer le ballon. Pensez à Jean-Marc Guillou qui est mon modèle. Et puis il faut être sur les terrains pour juger sainement de ce qu'il y a à faire. Quand on me crie : « Donne ! » on ne voit pas toujours le pied adverse qui traîne par là, empêchant la bonne passe. D'ailleurs, j'ai de nombreux souvenirs de balles mieux reçues par mes partenaires et qui ont fait des buts grâce à un dribble supplémentaire. Mais tout de même, j'en conviens, il y a des jours... »

Michel Cassan vient de vivre avec Angers une saison d'inquiétude. C'est souvent le cas avec une équipe qui arrive de la Division II.

« Je suis persuadé, dit-il, que nous valons nettement mieux que notre modeste classement. C'est fou ce que nous avons collectionné comme malchance en attaque ou notre pourcentage de réussite par rapport aux occasions créées, et bien créées, a été très en dessous de la moyenne.

Nous sommes aussi trop étourdis en défense et cela nous a coûté, par exemple, notre qualification en Coupe de France, puisque Marseille nous tenions le match nul à cinq minutes de la fin, après avoir marqué deux buts.

C'est à Marseille et à Laval que nous avons joué nos meilleurs matches cette saison. Ils ont valu deux victoires. Notre maintien devrait maintenant s'obtenir sans trop de mal. Mais la vigilance reste nécessaire. »

Cassan a appris avec surprise le non-renouvellement du contrat d'Aimé Mignot : « C'était un entraîneur sérieux, consciencieux et au contact agréable. Je conserverai de lui un très bon souvenir. » Le contrat de Michel au SCO se terminera en juin 1980. Un contrat qui pourrait bien être renouvelé.

D'abord parce que de part et d'autre, on s'apprécie. « L'ambiance au SCO est toujours celle qui fut si souvent vantée. »

Mais aussi parce que M. et Mme Cassan sont amoureux du cadre de vie qu'ils sont en train de se créer. Ils on acheté une petite ferme. Ils la rénovent, l'aménagent et Michel soigne ses lapins, ses poules et ses canards comme un vrai paysan.

Un gentleman-farmer en somme...

Yves RICHARD.

L'article fait référence à la saison 1978-79. Merci à France Football pour l'article et à cris72 pour le scan.