Baudouin Le Chatelier, défenseur du SCO Angers des années 70, nous parle de son premier match avec les pros (Angers-Sedan, 14 décembre 1969 à Jean Bouin).

Le jeudi qui précède ce match, je dispute une rencontre avec l'équipe de France Juniors au Parc des Princes. Je dispute toute la partie comme arrière gauche contre la Suède (je crois)... sous la neige ! Je me donne à fond et sans retenue (je finis « crevé ») car les places de titulaires n'étaient pas encore attribuées ! Au retour à Angers, une bonne nouvelle : on m' indique que je risque d'être 13ème homme contre Sedan. Quel bonheur ! Je peux éventuellemt devenir « remplaçant-titulaire » car Jean-Pierre Dogliani est incertain (il ressent une gène à la cuisse).

Rendez-vous, comme tous les avant-matchs, pour une collation rue Saint-Jacques (je ne sais plus le nom du resto, le Saint-Jacques peut-être). Fait très rare, Jacques Mouilleron et Pierre Bourdel ont un accrochage en voiture en se rendant au stade. Pierre en « capitaine courageux » peut tout de même jouer avec un gros bandage sur la tête. Par contre, Jacques victime d'un léger choc sur un genou, me semble-il, déclare forfait. Du coup, changement de programme : Jean-Marc Guillou remplace Mouilleron en défense centrale et Dogliani, hésitant, débute le match. Je passe 12ème homme sur la feuille de match.

Je rentre presque dès le début (11ème minute) comme... ailier gauche en remplacement de Dogliani. Pour la 1ère fois de ma petite carrière, je me retrouve devant ! Nul... Je cours partout, mais c'est du n'importe quoi, je ne fais que « brasser de l' air ». Néanmoins, sur une action, je crois rêver, je vais marquer ! Un très long centre de Pierre Bourdel qui m'arrive bien et je m'apprête à tenter la reprise de volée à l'entrée des 18m. Et là, catastrophe. Sans doute involontairement, le latéral droit de Sedan, un dénommé Zamoski (je crois), me tacle au niveau du genou. Je m'écroule et ressens une douleur terrible. Finalement, je me relève péniblement et la mi-temps survient.

Recadrage à la mi-temps... Lucien Leduc, l'entraîneur de l'époque change légèrement le placement de certains joueurs et j'effectue la 2ème période au milieu (enfin, je crois). C'est un peu moins la galère. Je me dépense sans compter bien sûr (un 1er match en pro, ce n'est pas rien) mais le match tourne à sa fin avec une défaite logique 3-1 à l' arrivée. Il reste environ 5 minutes à jouer. Un ballon aérien anodin... J' ai la prétention d'essayer de le disputer avec mon petit 1.69m à l'immense Touré (le père de la future star de Nantes). Il me donne un petit coup d'épaule une fois en l'air et je pars en vrille. A la réception, un grand crac sinistre : la civière arrive et c' est terminé.

Le genou entamé sans doute en 1ère mi-temps a lâché. Rupture des ligaments croisés. Un an et demi sans jouer et plus jamais la possession de tous mes moyens car à l'époque, on ne savait pas encore bien opérer les croisés. Dommage.

Il est à noter que Baudouin n'est jamais passé pro, il est toujours resté amateur (sans doute à cause de cette blessure au genou).