UN ARTISTE NOMMÉ GUILLOU

Si la classe et les qualités footballistiques d'un Kopa, d'un Berdoll furent décelées et reconnues dès leur plus jeune âge, ce qui leur valut, à juste titre, de jouer en équipe professionnelle des leur 18e année, de connaître toutes les sélections et d'être convoités par les plus grands clubs de France et de l'étranger, il n'en fut pas de même pour Jean-Marc Guillou, autre gloire scoïste, qui ne connut, en effet, qu'assez tard la consécration et encore du fait de circonstances assez rares et tout à fait exceptionnelles.

Originaire de la banlieue nantaise, il jouait au SC nazairien, les techniciens du FC Nantes, lors d'un match de détection, n'ayant pas jugé bon de le retenir. Il fut cependant fort recommandé, en particulier par deux orfèvres en la matière, Alphonse Le Gall et son ami Lagadec, du FC Lorientais. Le précieux et diplomate Auguste Berthon, grand dirigeant de l'époque, s'en alla donc contacter le père de Jean-Marc, gendarme de son état, et réussit à obtenir la signature du fiston, très heureux d'ailleurs de jouer au SCO qui favorisait en outre l'accomplissement de son service militaire au 6e Génie, après lui avoir fait devancer son appel.

Trop lent...

Titulaire indiscutable de l'équipe « amateurs », il n'arrivait cependant pas à séduire spécialistes et responsables qui, le trouvant trop « lent » et « trop personnel », décrétaient qu'il ne ferait jamais un professionnel. Alors qu'il jouait depuis deux ans en amateurs tout en travaillant aux Etablissements Bull, il fut retenu, un beau jour, comme 12e homme lors d'un match de championnat de lre Division à Nantes, contre le grand rival régional. Durant l'échauffement d'avant-match, le talentueux J.-P. Dogliani se blessa sérieusement à un genou et se trouva dans l'impossibilité de tenir sa place. Ce fut donc Jean-Marc Guillou qui le remplaça sur-le-champ. Par un temps excécrable sur un terrain gras et très glissant, voulant prouver aux Nantais sa réelle valeur, il réussit un match absolument « époustouflant ». Sa technique exceptionnelle, son impeccable couverture de balle, sa vision du jeu incomparable firent merveille et enthousiasmèrent le nombreux public, une heure et demie durant. Meilleur homme sur le terrain, il fut le grand artisan d'une des rares victoires du SCO à Nantes, par 1 à 0. Pour toute la presse sportive spécialisée, tant régionale que nationale, ce fut une révélation. Elle ne devait plus tarir d'éloges à son sujet.

Titulaire à part entière, désormais, de l'équipe « pros », il devait faire les plus beaux jours du SCO avec ses copains : Gallina, Pasquini, Kowalski, Sbroglia, Schlosta [Chlosta, ndlr], Dogliani, Deloffre, Bourrigault, Denis [Devis, ndlr], Loncle, Le Gall, etc.

International A à plusieurs reprises, il réussit une excellente Coupe du Monde en Argentine avec son compère Berdoll.

Dr Y. KERJEAN.

Il est à noter que Jean-Marc n'a joué que le premier match de l'équipe de France au Mundial 1978, le match contre l'Italie (perdu 2-1)... Ce fut aussi sa dernière sélection. Merci à Le Mag du Courrier de l’Ouest (janvier 1991) et à Marc M. pour le scan.