Jean-Marc GUILLOU

Ci-dessous, un article de Jacques Thibert, paru dans son Année du Football 1978 à propos de ce seixièmes de final retrour entre l'OGC Nice de Guillou et Paris Saint-Germain :

paris s.-g., heredia et le chrono

Le Red Star, vainqueur des Pilotains puis de Poissy en trente-deuxièmes aimerait bien faire carrière en Coupe afin de nourrir ses vaches maigres. Mais le foin lui manque contre Metz et, en deux fois quatre-vingt-dix minutes, ses illusions sont envolées (2-2, 0-2). Les Parisiens prennent alors le métro pour aller soutenir Paris Saint-Germain contre Nice. On est le 22 février 1978, le président Hechter s'est fait tailler une veste pour l'affaire que l'on sait, les perspectives de recettes du Paris S.-G. ne sont pas joyeuses et la qualification est une nécessité.

Paris S.-G. qui n'a perdu que 1-2 au Stade du Ray, en match aller joué quatre jours plus tôt, mène 2-0 à la 88e minute au Parc des Princes. Il joue bien, ce P.S.-G. marquant par une tête de Bianchi (19e) sur un corner de François Brisson, et récidivant par un tir de M'Pelé (64e) sur un centre du même Brisson.

Ce jeune homme de 19 ans, qui a débuté à Bourg-la-Reine, possède tout pour réussir : une exceptionnelle touche de balle du pied gauche, de l'élégance, de l'intelligence et des qualités athlétiques très au-dessus de la moyenne. N'a-t-il pas terminé deuxième d'un championnat de France cadets du triple saut avec 14,50 m, et ne court-il pas le cent mètres en onze secondes ? A la 88e minute donc, le Paris S.-G. est qualifié à condition que ses défenseurs gardent la tête froide. Les conditions sont réunies puisque Heredia, le Sud-Américain de l'Atletico Madrid, est venu renforcer le point faible de l'équipe. Pourtant, sur l'aile le défenseur niçois Ascery monte, monte. Personne ne l'attaquant, il déclenche un tir brossé qui, de seize mètres, trouve l'idéale « lucarne » en haut, dans le coin droit de la cage parisienne.

A 2-1, et compte tenu du résultat du match-aller, il faut jouer la prolongation. Nice a perdu Bjekovic, touché à une cuisse dans un choc avec le gardien Bernard et remplacé par Sanchez. Mais on sent l'équipe azuréenne un peu plus tendue, un peu plus agressive que sa rivale. Heureusement pour elle, Guillou et Huck ne renoncent jamais à relancer les attaques, le premier en donnant l'exemple de l'effort constructif et du jeu rationnel, le second en effectuant balle au pied un terrible travail d'usure. Face au pressing niçois, Heredia fait un mauvais renvoi à la 98e minute, faute aussitôt exploitée par Sanchez. Dix minutes plus tard, le remplaçant de Bjekovic tricote des deux jambes devant Morin, dribble celui-ci et lobe Bernard : 3-2 pour Nice, et un 3-3 final qui qualifie l'O.G.C.N., le dernier but de Brisson (120e) n'ayant rien changé à l'affaire.

« Ce n'est pas permis, maugrée Larqué. Nous n'avons pas su assurer le coup, les joueurs ne se sont pas libérés et Heredia a commis la faute fatale, indigne de son expérience. » L'entraîneur du Paris S.-G. n'évoque même pas la blessure et l'absence de Dahleb. Mais il y pense, car Mustapha a beaucoup manqué.


Guillou, un artiste à faire bien jouer.