Marc BERDOLL

Ci-dessous un bel article paru dans France Football du 6 décembre 1977. Merci à Fanch Gaume pour le scan.

MARSEILLE - SAINT-ETIENNE 3-0


Piazza dans ses petits souliers. Berdoll, le poison lui mène la vie dure. Photo P. Boutroux, J.C. Pichon. Merci à cris72 pour le scan.

LE TRAIN D'ENFER DE L'O.M

par Victor PERONI

MARSEILLE. — Josip avait le sourire. Son œil noir brillait. C'est que pour l'ancien Soulier d'or, la journée avait été belle dimanche. L'O.M. du renouveau, l'équipe qu'il a relancée a en effet remporté contre Saint-Etienne une de ses plus belles victoires. Tout y était dans le succès de l'O.M. : la rapidité, le jeu collectif efficace et tranchant, l'engagement. Oui, Skoblar souriait car maintenant que Marseille a démontré ce dont il est réellement capable, il entend certainement demander encore plus à son équipe pour savoir d'abord jusqu'où elle peut aller et ensuite pour rester dans la roue du leader.

En fait, dimanche, l'O.M. a pratiquement étouffé Saint-Etienne d'abord en frappant pratiquement d'entrée grâce à un but de Boubacar qui venait à la suite d'une ouverture de Fernandez et un centre de Bracci. Les Stéphanois en première mi-temps, alors que Marseille dominait sans pouvoir augmenter la marque, essayèrent de faire front. On eut même un instant l'impression que les hommes de Herbin pouvaient égaliser, mais avant même qu'ils se mettent en position les Marseillais repartaient et imposaient un rythme d'enfer qui semait quelque peu la panique dans la défense centrale des Verts. Ils ne baissèrent d'ailleurs jamais les bras, les Stéphanois, mais ils ne purent jamais s'exprimer face à une équipe solidement charpentée où les joueurs participent totalement souvent dans des registres différents qui finalement se complètent fort bien. Les Marseillais ont joué avec deux hommes en pointes : Berdoll et Boubacar, les deux hommes qui marquèrent les trois buts, mais pourtant des garçons comme Flores, Bacconnier, Fernandez se trouvèrent souvent aux avant-postes, très près de pouvoir marquer.

Et avant le but de Boubacar, Linderoth et Fernandez failirent d'ailleurs marquer. C'est dire si cette tactique qui consiste à fixer deux hommes en pointe face au but adverse peut finalement déboucher lorsqu'elle est appliquée avec intelligence sur un football ultra-offensif. Et sur le côté de l'offensive, l'O.M. s'est souvent livré à une sorte de festival car beaucoup d'occasions nées de splendides mouvements d'ensemble auraient mérité de se terminer dans la cage de Curkovic qui fut d'ailleurs fort à l'ouvrage.

En fait, Marseille marqua quatre fois, mais le but — de toute beauté — inscrit par Baulier fut annulé car Boubacar était hors jeu. Mais ce qui importe plus que les buts marqués, semble-t-il, c'est la façon si prompte avec laquelle l'O.M. disputa ce match. Les Marseillais ont en effet offert dimanche un grand spectacle de football qui tint tout le temps les spectateurs sous pression. Marseille a laissé entrevoir des possibilités qu'on n'osait souçonner. Si Skoblar réussit à faire maintenir ce rythme, on ne va pas s'embêter durant les matches retour.

Décidément le retour de Skoblar « aux affaires », cette fois, aura été une heureuse chose pour Marseille et aussi par voie de conséquence pour le football français car le stade-vélodrome a retrouvé dimanche une affluence comme il n'y en avait plus eu depuis longtemps.

Le canon de BERDOLL

MARSEILLE. - Marc Berdoll, en sablant le champagne de la victoire, souriait. Certes, depuis qu'il est à Marseille, il est parfaitement heureux, il se félicite tous les jours d'être revenu en France et surtout d'avoir atterri à l'O.M. où il est couvé par Skoblar, mais dimanche, l'ex-Angevin savourait son bonheur plus que de coutume.

« En effet, disait-il, pour une rentrée c'est, ma foi, une assez bonne rentrée puisqu'elle m'a permis de marquer deux buts. Décidément, devant Saint-Etienne je suis toujours plus ou moins inspiré. »

Berdoll faisait allusion à la saison où, débutant avec le S.C.O. — c'était sa première saison comme titulaire —, il avait d'abord marqué quatre buts aux Stéphanois au stade Jean-Bouin puis, au match retour, deux autres buts (en cinq minutes de temps) alors que le public de Geoffroy-Guichard entreprenait de le « chambrer » en lui réclamant une chanson (comme le fit d'ailleurs, dimanche, le public de Marseille à l'encontre de Robert Herbin ; comme quoi tous les publics ont les mêmes idées).

Berdoll n'aura pas, finalement, totalement perdu son temps en Allemagne même s'il a dû rester le plus souvent sur le banc de touche. En effet, il a appris à jouer d'une manière plus physique et aussi d'une façon plus constante et plus totale. C'est souvent qu'on l'a vu, par exemple, venir défendre, dimanche, et ensuite repartir tout de suite se placer en pointe pour attendre « la bonne occase ». Cette « bonne occase », elle se présenta deux fois. D'abord offerte par Linderoth et ensuite par Albert Emon, qui venait d'entrer en jeu. A chaque fois, ce scénario fut le même : Marc faussa rapidement compagnie à son garde du corps et, après trois ou quatre mètres de sprint, il tira dans la foulée sans pratiquement armer son tir. Et les deux fois il fit mouche avec la plus magnifique des précisions. Dimanche peut-être plus que jamais, il a démontré qu'il était réellement à classer parmi les avants-centre les plus redoutables. Et sa performance a ravi Skoblar et aussi Lucien Cossou, dont Berdoll se plaît à dire qu'il lui a été précieux par ses conseils.

V.P.


Un grand jour pour l'O.M., et peut-être un des tournants du championnat 77-78. Marc Berdoll vient de marquer le second but marseillais, celui qui met son équipe à l'abri d'un retour des Verts. Fernandez, Berdoll, Boubacar, Linderoth et Baulier sont heureux. Photo P. Boutroux et J.-C. Pichon. Merci à cris72 pour le scan.