Marc BERDOLL

Marc Berdoll de retour en France, succède à Yazalde comme avant-centre de l'Olympique de Marseille. Optimiste, il voit terminer son club à la troisième place et... espère marquer vingt-cinq buts !






Marc Berdoll : un contrat de quatre ans à l'Olympique de Marseille, ici en compagnie de MM. Antoniotti (à g.) et D'Agostino.


L'entraînement à Marseille sous la direction de Markovic : moins physique qu'à Sarrebruck mais plus axé sur la technique.

Onze : Marc Berdoll, après un an passé à Sarrebruck, tu viens de signer à l'Olympique de Marseille où tu vas remplacer Hector Yazalde au poste d'avant-centre. Peux-tu nous retracer ta carrièere de footballeur ?

Berdoll : Je suis né à Trélazé, dans la banlieue d'Angers, le 6 avril 1953. Le football, pour moi, cela a d'abord été comme pour beaucoup d'autres la cour de l'école. Puis, un jour, mon père qui jouait dans l'équipe locale de Trélazé m'a inscrit au club. Par la suite j'ai été plusieurs fois sélectionné comme cadet de la Loire et, à l'âge de quinze ans, je suis rentré au S.C.O. d'Angers en qualité de stagiaire. Au bout de deux ans, en 1970, je signais mon premier contrat professionnel. Je suis resté à Angers jusqu'à la saison dernière, puis je suis allé à Sarrebruck et maintenant me voici à Marseille.

Onze : Quelles ont été exactement les circonstances de ton transfert en Allemagne. Je crois que tu es l'un des rares footballeurs français, avec Gress, à avoir vécu cette expérience ?

Berdoll : C'est en fait un concours de circonstances qui a provoqué mon départ à Sarrebruck : un désaccord avec les dirigeants angevins et puis cette proposition totalement inattendue des Allemands. Cela s'est passé au moment de la trève, au mois de juin, l'année dernière. J'étais en vacances chez mes beaux parents à Sarreguemines, prés de Metz. Le jour où j'ai reçu la visite de dirigeants de Sarrebruck, j'ai été très surpris car je ne m'y attendais pas. Ce qu'ils me proposaient, outre les avantages financiers intéressants, c'était l'expérience de ce football allemand, l'expérience des Champions du Monde. Il y a aussi le fait que Sarrebruck est a vingt kilomètres de la frontière française, à deux pas du pays de ma belle famille. Cela m'intéressait de m'établir là-bas dans la mesure où je pouvais me rendre tous les jours pour l'entraînement de l'autre côté de la frontière.

Onze : Que penses-tu de la conception allemande de l'entraînement ? Est-elle différente des clubs français ? Comment finalement, s'est passé ton séjour à Sarrebruck ?

Berdoll : Aujourd'hui, je me demande encore pourquoi les dirigeants de Sarrebruck m'ont fait venir, car pendant la saison passée j'ai joué en tout et pour tout huit matches de championnat. Les autres, je les ai vécus du banc de touche bien que je ne pense pas avoir été spécialement mauvais. C'est un peu comme si on m'avait totalement ignoré. J'ai été tenu à l'écart de l'équipe. Cela était sans doute dû aux contacts rendus difficiles par la différence de langue car je ne parle pas du tout allemand et le français qu'ils pratiquaient était plutôt sommaire. Personnellement, moi qui avais un long trajet à faire tous les jours entre mon domicile et le club, j'étais assez peu tenté de m'attarder : je rentrais directement chez moi. De toutes façons, après trois heures d'entrainememt intensif quotidien à l'allemande, on n'a pas tellement envie de plaisanter. Tout, chez eux, est axé sur la préparation physique. Courir, tacler, encore courir, retacler, telle est la base de l'entraînemenl Outre-Rhin ! La technique passe totalement au second plan. Enfin passons ! L'entrainement, ce n'était pas la pire des choses et cela m'a surtout permis de conserver la grande forme physique malgré le fait de n'avoir pratiquement pas joué six mois durant. De toutes façons, maintenant, c'est du passé. Ici, à Marseille, je vois enfin le bout du tunnel...

Onze : Justement, comment s'est fait ton transfert a l'O.M. ? C'était un transfert providentiel dans ton cas ?

Berdoll : Oui, c'est a dire qu'au moment où j'ai réalisé ce que serait mon avenir à Sarrebruck, j'ai préparé la retraite et j'ai fait savoir autour de moi mon désir de retourner en France. Apparemment, c'est parvenu jusqu'aux oreilles de Josip Skoblar puisque c'est lui qui a négocié ma venue à Marseille. En fait, je me voyais très mal recommencer une saison comme l'an dernier à Sarrebruck. Quand j'ai appris que l'O.M. s'intéressait à mon cas, je n'ai pas hésité un seul instant.

Onze : Cela fait maintenant trois semaines au moment de cette interview que tu es arrive à Marseille. Quelles sont tes impressions sur le club. Comment s'est passé le contact ?

Berdoll : Aucun problème tant avec les joueurs qu'avec les dirigeants et les entraîneurs. Ici l'ambiance est formidable. Quelle différence avec ce que j'ai enduré là-bas à Sarrebruck ! Je crois que, cette année, Marseille va pouvoir faire des résultats, en tout cas, on va tout faire pour. Bien sûr, l'entrainement est moins physique qu'en Allemagne car Markovic, comme tous les Yougoslaves, fait passer la technique avant tout. Néanmoins, le fossé qui séparait il y a quelques années notre football du football anglais, allemand, hollandais n'existe pratiquement plus aujourd'hui. Les clubs français ont tous adopté la formule moderne du « football total » tant dans le jeu qu'à l'entraînement. En ce domaine, d'ailleurs, la venue de Stefan Kovacs à la tête de l'équipe de France a été déterminante. Les conseils qu'il a donnés, son expérience du football international ont fait école dans les clubs qui commencent à en récolter les fruits.

Onze : Tu vas prendre à l'O.M. la suite d'Hector Yazalde. Ce dernier déplorait de recevoir peu de ballons. Au vu des matches que tu as disputés avec Marseille, que penses-tu de ce problème et comment conçois-tu le rôle de l'avant-centre ?

Berdoll : Pour l'instant, je n'ai rien remarqué dans le comportement de mes coéquipiers qui puisse me faire dire une telle chose. Je crois même, jusqu'ici, avoir été très bien servi en ballons. Evidemment, sur les quatre matches que j'ai disputés jusqu'à aujourd'hui, je n'ai encore marqué aucun but. Personnellement, j'attribue cela plutôt à mon manque de compétition qu'à une individualité trop marquée de la part de mes équipiers. Il ne faut pas oublier que ce sont les premiers minutes que je joue depuis six mois. J'ai un peu perdu le sens du placement et certains automatismes qu'apportent un, deux voire parfois trois matches disputés par semaine. Mais toutes ces choses reviennent très vite au fil des matches. Pour ce qui est du poste d'avant-centre, je crois que sa principale qualité doit être sa faculté de se faire oublier de la défense adverse. Il doit permuter avec ses ailiers, étre présent sur toute la ligne d'attaque et se démarquer pour, au moment opportun, surgir et « planter ». Pour cela il faut qu'il soit soutenu par un milieu de terrain solide qui amène la balle dans le camp adverse. Un avant-centre ne peut pas se permettre de débouler balle au pied toute la longueur d'un terrain : il risque trop dans ce cas de manquer de souffle et de force de frappe au moment de tirer.

Onze : De 1973 a 1975, tu as été sélectionné cinq fois en équipe de France. Peux-tu nous rappeler en quelles circonstances cela s'est passé ?

Berdoll : La première fois, je me rappelle, c'était contre la Grèce. On a gagné ce jour-là au Parc des Princes par trois buts à un. J'étais rentré un peu après la mi-temps à la cinquante septième minute, en remplacement de Lacombe. Deux minutes plus tard, je touchais mon premier ballon et marquais du même coup mon premier but d'international. Un mois plus tard, j'ai joué contre l'Allemagne à Gelsenkirchen où nous sommes allés perdre deux-un, deux buts de Gerd Müller. Cette fois, j'étais rentré à la soixante cinquiéme minute pour remplacer Molitor, mais je n'ai pas marqué de but. Ma troisième sélection a été contre la Roumanie en mars 1974 au Parc. Quant aux deux autres matches, je les ai disputés en 1975 contre l'Islande, en Mai a Reikjavik et en Septembre à Nantes. C'est au cours de cette dernière rencontre que j'ai marqué mon second but. Depuis ce match, je n'ai plus du tout été sélectionné.

Onze : Oui, loin des yeux loin du cœur, dit-on. Mais maintenant que tu es de retour au Pays, cela va peut-être changer, d'ailleurs Michel Hidalgo n'était-il pas présent lors de ton récent match contre Toulon ?

Berdoll : Rien ne prouve que Michel Hidalgo ait fait le déplacement de Toulon spécialement pour me voir, il serait vaniteux de ma part de le croire, je ne suis pas le seul joueur de l'Olympique de Marseille. Toutefois, si j'étais rappelé pour défendre les couleurs du onze de France, ce serait une grande joie pour moi. Ce n'est cependant pas moi qui décide. Michel Hidalgo a plusieurs possibilités, il y a d'abord Bernard Lacombe et aussi Barthelémy et Pécout qu'a révélé le F.C. Nantes. C'est au sélectionneur seul qu'il importe de juger qui est le meilleur du moment au mieux de sa forme. Pour ma part je ne peux que donner le meilleur de moi-même.

Propos recueillis par Dominique Louvet.

Merci au magazine Onze pour l'article et à johnny rep pour le scan.