Marc BERDOLL

Un petit article le Jacques Thibert, extrait de son Année du football 1978. Il fait bien sur allusion à la relative petite taille du « grand » Marc.

Petit gibus et grand gibus

Quand arrivent les huitièmes de finale, on y voit déjà plus clair. Les grands favoris se comptent sur les doigts d'une seule main, et encore. L'Olympique de Marseille, qui détient le record des victoires dans l'épreuve (9 de 1924 à 1976), affronte les Girondins de Bordeaux dont la stabilité n'est pas la vertu première. Le match-aller a lieu à Marseille et les Bordelais, échaudés par le 4-0 reçu trois semaines plus tôt dans le même stade-vélodrome, ont décidé d'élever une muraille à proximité de leur but gardé par Bergeroo. Celui-ci multiplie les arrêts brillants tandis que les Marseillais pilonnent à la grosse Bertha. A la 66e minute, Eyquem se fait expulser pour deux fautes successives sur Boubacar, et les Bordelais jouent à dix. Crispés, ulcérés par la tactique ultra-défensive de leurs adversaires, les Marseillais ne réussissent à marquer qu'un seul but, à la 84e minute, par Bacconnier entré à la place de Truqui. Mais les Bordelais accusent le coup : « L'O.M. nous est très nettement supérieur, reconnaît Buigues, qui a gagné la Coupe en 1976 avec les Olympiens. Qu'il marque un seul but au match-retour, et je ne vois pas comment nous en réussirions trois pour nous qualifier devant une défense aussi sûre. »

Quatre jours plus tard, 20 000 spectateurs emplissent le stade municipal de Bordeaux pour assister à ce qui promet d'être une terrible empoignade. Le public accueille Berdoll, instrument actif de la blessure de Jeandupeux, six mois plus tôt, par des cris hostiles. L'O.M. joue sans Marius Trésor dont le genou ne guérit pas.

Pendant une demi-heure, Berdoll doit sauter pour éviter les tacles empoisonnés de son adversaire direct Camus décidé, paraît-il, à le « griffer ». Puis, à la 31e minute, Bracci, dans le rond central, lance Linderoth sur l'aile gauche désertée : centre impeccable du Suédois entre Rohr et Camus, reprise de volée de Berdoll, et but. Petit Gibus tient sa revanche.

Grand Gibus-Boubacar, le géant de l'aile droite, en donnant à l'O.M. un succès plus large encore (2-0 à la 89e minute), provoque la gaieté de Skoblar : « Je n'en demandais pas tant, dit l'ex-roi des buteurs. Mais je suis comblé, à la fois par le résultat et par la manière. »

Petit Gibus et Grand Gibus sont heureux aussi. En quelques mois, ils ont refait le terrain perdu de la notoriété. Et leur O.M. vole sur les nuages.



« Fend-la-bise » Berdoll sous le maillot de l'O.M. : une certaine façon de marquer des buts.


Premier match de Berdoll sous le maillot de Marseille (à Metz).