Les espoirs à Kecskemet

UN TREMPLIN POUR BERDOLL

(J.-P. OUDOT)

La « bande à Guérin » devait être sur place, hier soir en Hongrie. A Kecskemet, ville située à 100 kilomètres de Budapest et réputée pour son industrie du cuir.

La Hongrie... c'est le seul mauvais souvenir du responsable de nos Espoirs depuis qu'il dirige l'équipe de France de demain. Ce 10 octobre 1972, les « Coquelets » avaient encaissé un sévère 3-0 au cours d'un match disputé dès potron-minet, à 10 heures du matin ! Aussi Henri Guérin entend-il bien faire appel de cette défaite qui lui resta longtemps en travers de la gorge.

Cette fois, le match entre Espoirs hongrois et français aura lieu à 15 heures. Une meilleure heure pour jouer au football ! Et bien qu'il soit amical, c'est un choc plus important qu'il en a l'air, car les uns et les autres préparent avec acharnement l'avenir.

Les points communs ne manquent d'ailleurs pas : la Hongrie en est au même virage que la France dans le concert international : elle a totalement rajeuni ses cadres et forme avec opiniâtreté ceux qui, demain, seront appelés à des tâches beaucoup plus ingrates.

Aux dernières nouvelles, les Hongrois présenteront seulement deux joueurs qui ont déjà opéré dans l'équipe nationale : Fekete, un ailier percutant et doté d'une pointe de vitesse peu commune et Csapo.

Sans doute opposeront-ils aux Tricolores un jeu bien fouillé, bien « léché » comme on dit, mais aussi plus agressif que par le passé : la défense est, parait-il, très athlétique et assez virile.

Voilà donc les Espoirs prévenus. Ils ne manqueront pas d'arguments, eux non plus. On leur souhaite de continuer sur leur lancée : leur dernière défaite remonte au 9 septembre 1974 (2-1 pour les Finlandais à Saumur). Depuis cette date, ils ont terrassé ou tenu en échec les Italiens, les Allemands, les Tchécoslovaques, les Anglais, les Belges, les Allemands de l'Est. Excusez du peu ! Il est vrai aussi que le football français est (enfin) en train de recueillir le fruit du travail sérieux dans les clubs. Saint-Etienne en est un exemple particulièrement frappant.

Jamais, Henri Guérin n'a eu autant d'Espoirs de qualité à sa disposition. Nous nous souvenons d'avoir consulté la liste qu'il avait établie en début de saison et qui faisait état de plus de 120 joueurs susceptibles d'appartenir à cette catégorie ! Autant dire que Guérin n'est pas trop gêné aux entournures quand Stefan Kovacs lui chipe un de ses « petits » pour l'équipe A.

N'oublions pas, non plus, que la France est fort bien placée pour se qualifier pour les quarts de finale de la Coupe d'Europe Espoirs des Nations. Pour l'heure, elle a battu la Belgique (1-0) et tenu la R.D.A. en échec à Erfurt. De l'équipe prévue en Hongrie, plusieurs auront acquis une plus grande expérience internationale, avant d'aborder les matches retour contre les Belges et les Allemands de l'Est.

Enfin, et ce n'est pas là le moins important, l'équipe de France Espoirs est une véritable équipe espoirs. Le règlement autorise la présence de deux joueurs de plus de vingt-trois ans. D'un commun accord, Stefan Kovacs et Henri Guérin préfèrent aguerrir les jeunes et ne font donc pas appel aux « anciens ».

Du dernier match international à Erfurt, on rerouvera, à Kecskemet, Zorzetto, Gardon, Bossis, Giresse, Bathenay, Rampillon, Berdoll et Emon. Et à bien regarder la composition des joueurs dans chaque ligne, on notera que c'est le milieu de terrain qui paraît le plus solide, le plus mûr : quatre sont en concurrence pour trois places, mais il est probable que Bousdira sera choisi à la place de Rampillon qui tarde à retrouver son enthousiasme de la saison passée.

Ce sont les derniers entraînements, prévus sur le terrain de Kecskemet, qui permettront à Henri Guérin de trancher, ce qui ne sera pas facile, étant donné la valeur sensiblement égale de tous les sélectionnés.

En se fiant aux derniers matches internationaux et à la forme actuelle des joueurs, l'équipe ne sera guère éloignée de celle-ci :

Dropsy — Boissier, Zorzetto, Gardon, Bossis — Giresse, Bathenay, Bousdira (ou Rampillon) — Soler, Berdoll, Emon (ou Sarramagna).

De toute façon, cette équipe aura fière allure et on peut compter sur le plaisir de jouer et de s'imposer de tous. Certains ont déjà été internationaux A comme Bernard Gardon, Alain Giresse, Gérard Soler, Marc Berdoll, Christian Sarramagna. Les autres frappent de plus en plus fort aux portes de l'équipe A comme Bathenay, Zorzetto, Bousdira.

C'est la raison d'être de l'existence d'une formation Espoirs et Henri Guérin ne serait pas peu fier de les voir grimper vers les plus hauts sommets. Mais en attendant, il faut confirmer sa puissance, sa valeur. Le test de Kecskemet sera particulièrement probant.

LES ESPOIRS POUR KECSKEMET

Gardiens : DROPSY (Strasbourg) et RUST (Sochaux).

Arrières : Raymond DOMENECH (Lyon), ZORZETTO (Troyes), GARDON (Lille), ORLANDUCCI (Bastia), BOSSIS (Nantes).

Milieu de terrain : GIRESSE (Bordeaux), BATHENAY (Saint-Etienne), RAMPILLON (Nantes), BOUSDIRA (Lens).

Attaquants : EMON (Marseille), SOLER (Sochaux), BERDOLL (Angers), SARRAMAGNA (Saint-Etienne), GEMMRICH (Strasbourg).

Merci à France Football pour l'article et à cris72 pour le scan.