BERDOLL : « Vaincre le signe indien »

ANGERS. — Marc Berdoll a profité de la pause du Championnat pour aller chercher ses meubles à Marseille. Un petit aller et retour fatigant qui l'a dispensé d'entraînement pendant trois jours. Qui l'a dispensé aussi du match amical perdu mardi dernier à Thouars contre le FC Tours. La maison qu'il a achetée dans la banlieue angevine (Briollay) favorisera son goût pour la pêche à la ligne puisqu'il sera là sur les bords de la Sarthe. Une pêche à la ligne à laquelle il se propose d'initier son voisin... le résident secondaire Robert Vergne. Mais pour l'heure sa pensée se concentre sur le derby Angers-Nantes de ce soir et il aimerai bien mettre fin à une tradition qui pour lui est désagréable, avec le SCO, en effet, il n'a jamais battu Nantes.

« Ne parlons pas des matches joué à Nantes », dit-il, puisque, là, c'est la désolation, avec une désespérante succession de défaites, le plus souvent nettes. Mais à Angers, il m'est arrivé, avec mes camarades, de jouer de bons matches sans pour autant réussir à vaincre. Il y a même eu un jour de grande poisse. C'était en 1974. Nous avions dominé et mérité indiscutablement le succès. Pourtant à la dernière minute, le score était toujours vierge. Se présenta, alors, une occasion inespérée de victoire avec un penalty à la dernière seconde, Donoyan était dans les buts nantais et Eric Edwige fut notre tireur... et il rata son coup. Aux vestiaires, il était en larmes et je fus le premier à le consoler. Mais, j'ai souvent repensé à cet incident pour me dire qu'avec Nantes, il y avait contre Angers une sorte de « signe indien » défavorable. Voilà pourquoi, mardi j'irai désamorcer cette tendance mauvaise.

— Votre efficacité est en sommeil depuis six matches ?

— C'est vrai, mon départ avait pourtant été prometteur. J'avais marqué trois fois à l'occasion de la Coupe des Alpes et aussi à chacun des deux premiers matches du Championnat (Paris Saint-Germain et Auxerre). Depuis, je suis moins heureux. Il faut bien sûr que je fasse la liaison avec mes nouveaux partenaires mais comme j'ai derrière moi de très bons techniciens, je ne suis pas inquiet.

En 1974, l'année de mes 29 buts et du titre de meilleur buteur que Blanchi m'avait soufflé le dernier jour avec ses six buts de Reims, je devais beaucoup à Jean-Marc Guillou qui, quatre ou cinq fois par match, m'envoyait de si bonnes balles que je me présentais seul devant le gardien adverse. Des balles soudaines... et en ce qui concerne la précision, pas besoin de vous faire un dessin à propos de Jean-Marc. C'est une semblable « combine » que je voudrais mettre au point avec mes camarades du SCO. Je crois que nous allons y arriver.

— Et Marseille ?

— je suis parti sans regret. L'OM est un club décidément trop compliqué. Les choses les plus simples y deviennent « tordues »... alors bonne chance, quand même, aux Marseillais.

— Revenons aux Nantais...

— Ils sont meilleurs que nous, bien sûr, mais en quatre-vingt-dix minutes, on ne sait jamais. Il nous faudrait marquer très vite, ce qui nous mettrait en confiance. Pour moi, je veux me décomplexer face à Bertrand-Demanes qui est si grand qu'il m'impressionne dans ses buts. Ce signe indien, je veux le mettre à mal. »

Yves RICHARD.

Merci à France Football (septembre 1980) pour l'article et à cris72 pour le scan.