Berdoll, un avant-centre de valeur internationale

PARIS (de notre correspondant particulier). — Michel Hidalgo avait les yeux humides. C'était sa manière d'exprimer sa reconnaissance à toute son équipe. Il était aussi joyeux qu'au soir de la qualification des tricolores pour la phase finale de la Coupe du Monde. Le Brésil avait cédé. La veille, c'était encore un rêve qu'il n'osait caresser. Sans doute espérait-il un exploit, mais y croyait-il vraiment ?

Et de toute façon en homme intelligent, il avait ménagé ses arrières en affirmant que la manière comptait beaucoup plus que le résultat face à cette équipe brésilienne qui, de toute manière, était plus forte que la France. Maracana, c'était un bon souvenir. Ce pouvait-être un hasard. Un jour de chance.

Ainsi, les jours se suivent et se ressemblent pour les Français. Et pour leur « patron », rien n'est dû au hasard : « Ce qu'il ne fallait surtout pas faire, disait-il, c'était se recroqueviller en défense. Nous ne l'avons pas fait. La première demi-heure a été très difficile pour nous. Par contre, nous avons fait une bonne fin de match et nous avons pris l'ascendant à ce moment-là. Compte tenu de cela, je pense que notre victoire n'est pas usurpée.

« Il est très intéressant pour nous de continuer cette marche positive avant la Coupe du Monde. A partir de maintenant, il va falloir tempérer l'enthousiasme ».

Puis Michel Hidalgo passait à l'analyse plus profonde du comportement de ses troupes. Tous les joueurs lui ont donné satisfaction. Cependant, il tenait à s'arrêter sur le comportement de Marc Berdoll.

« J'ai beaucoup aimé le travail qu'il a fait affirmait-il. C'est lui qui a posé le plus de problèmes aux Brésiliens. Ses départs tranchants ont été une gêne continuelle. Il n'est pas question pour moi de diminuer le mérite des autres, mais je veux faire ressortir celui de Berdoll ».

Et le plus beau compliment que Michel Hidalgo a fait à Marc Berdoll réside dans cette phrase : « Il a prouvé ce soir qu'il était un avant-centre de classe internationale ».

Notre homme n'avait pas entendu toutes ces paroles le concernant. Il était dans les vestiaires, ruisselant mais content. On aurait d'ailleurs pu penser qu'il se croyait au Brésil, au carnaval de Rio. Car le masque qu'un coude niçois lui a dessiné autour de l'œil droit est voyant.

Mais qu'importe, cette fois, Marc Berdoll a gagné sa place pour l'Argentine. C'est certain. Il en est parfaitement conscient. Et comme tous ses camarades, il est ivre de bonheur. Entre deux gorgées d'eau, il lance : « C'est formidable. J'ai du mal à réaliser. A chaud, il est difficile de traduire ce que l'on ressent. Battre le Brésil, il n'y a pas de mots pour le dire ».

Et pourtant, il faut qu'il parle. Jamais sans doute il n'avait eu autant de micros en face de lui. Ses projets ? Ils sont simples.

« J'ai fait le maximum et j'espère être sur la liste des 22 pour l'Argentine. Pour l'instant, c'est le principal ».

Et Lacombe ? Il n'a pas besoin de réfléchir pour répondre : « Il a plus d'expérience que moi parce qu'il a été sélectionné plus souvent ».

En fait, il a fort bien compris que les remplaçants d'un jour peuvent être les titulaires du lendemain.

Un peu plus loin, Jean-Marc Guillou est lui aussi sollicité. Ce succès disait-il, montre que nous n'avons pas été impressionnés par la valeur de notre adversaire réputé pour être la meilleure équipe du monde. En ce qui me concerne, je suis ravi car je restais sur une contre-performance en Italie ».

De toute manière, Guillou était partant — à moins d'une blessure — mais on peut être certain maintenant que Berdolll'acompagnera.

J.-F. C.

Merci au Courrier de l'Ouest pour l'article et à cris72 pour le scan.