René LE LAMER

Pour apprendre à connaître les joueurs du SCO

Le Lamer adore l'attaque

ANGERS. — Sa silhouette est devenue si vite familière aux spectateurs angevins, que l'on a comme l'impression qu'il fait partie du S.C.O. depuis longtemps. Or, René Le Lamer, que nous avons choisi de présenter aujourd'hui, après Karim Maroc, Pascal Janin, François Félix et Roger Baltimore, n'en est qu'à sa deuxième saison sous les couleurs d'Angers.

Long à s'adapter au S.C.O., la saison passée, et à retrouver la cadence en raison de difficultés inhérentes à son installation, René Le Lamer, Breton d'Etel (Morbihan), a terminé le championnat 78/79 en pleine possession de ses moyens.

Alors que certains doutaient de le voir revenir au plus haut niveau, lui n'a jamais renoncé.

Sa ténacité, l'une des qualités de sa race, lui a d'ailleurs permis de conquérir, de haute lutte, une place de titulaire indiscutable. Il en fournit encore actuellement la preuve. C'est au point que son entraîneur Elie Fruchart disait de lui, hier, au lendemain du match gagné à Metz : « René a joué fréquemment en position d'ailier gauche ; c'est dire sa vitalité ».

Si René Le Lamer a fait du football son métier — il est professionnel depuis quatorze ans —, c'est sur la mer qu'il a commencé à travailler.

Il avait, en effet, tout juste neuf ans lorsque son père, patron pécheur de son état, l'emmena faire une première campagne de pèche à bord de son chalutier, sur les côtes anglaises.

Un an plus tard, alors qu'il n'était pas encore bien grand mais déjà résistant, c'est durant un bon mois qu'il participa à une campagne de pêche au thon, au-delà des cotes d'Espagne, jusqu'aux îles Canaries. Il en a gardé un goût prononcé pour la mer et la navigation. Outre le football, sa passion c'est le bateau.

S'il ne tenait qu'à lui, d'ailleurs, il irait s'établir en Bretagne une fois sa carrière terminée. Oui mais voilà ! Yolande, sa femme, une folle Nantaise, a tellement apprécié le soleil, lors de leur séjour à Ajaccio, de 1969 à 1973, qu'elle préférerait une autre région. L'Anjou, par exemple — la famille Le Lamer est installée à Juigné-sur-Loire — où Yolande se plaît beaucoup, ainsi que ses enfants, Sophie, 9 ans, et le petit Erwan.

Cest, bien entendu, à Etel, où il est né, en avril 1948, que René Le Lamer a commencé à jouer au football, comme pupille, minime et cadet.

Très vite remarqué par Guerbignot, l'actuel conseiller technique régional de l'Ouest, il fut d'abord sélectionné du Morbihan puis de la ligue de l'Ouest. Invité par Nantes à participer à un stage de détection de jeunes, alors qu'il était junior, il fut engagé par le F.C.N. en même temps qu'il poursuivait des études destinées à lui valoir un brevet de mécanicien. Car son père tenait a ce qu'il possède, en plus du football, un autre métier.

Appelé, par un concours de circonstances (joueurs blessés ou en méforme) à jouer en équipe professionnelle de Nantes, il débuta contre Strasbourg avec Gondet, Simon, Muller, Budzïnski, Suaudeau. Blanchet, Eon, etc. Cette saison-là, en 66/67, il joua tous les matches retour dans l'équipe pro du F.C.N.

Et puis, durant son service mlitaire au Bataillon de Joinville, Nantes titularisa Estéve à sa place. Si bien qu'à son retour il ne joua plus régulièrement. En conséquence, il demanda à être transféré.

Cest pour Ajaccio qu'il opta, en 1969. Là, il joua avec Marius Trésor, M'Pelé, Baratelli, Vanucci et l'inusable Etienne Sansonnetti, l'ex-joueur du S.C.O. qui était encore le meilleur buteur de l'A.C.A.

Il y avait une très bonne équipe, à l'époque, à Ajaccio. Elle s'était, en effet, classée cinquième de première division, en 1970/71, sous la conduite de Louis Hon.

Lorsque Troyes accéda à la première division, en 73/74, René Le Lamer rejoignit les marches de l'Est où il contribua au maintien du club aubois en première division jusqu'en 1977/78.

Cest alors que Pierre Bourdel fit appel à lui, afin de remplacer Jean-Pierre Brucato.

« Le plus difficile dans ce métier, déclare René Le Lamer, un joueur d'une sportivité exemplaire à l'égard de ses adversaires, c'est de durer. Tout est question de récupération. Or, comme je récupère aussi vite quun jeune, étant admis pourtant qu'après trente ans c'est un peu plus long, je n'éprouve aucune difficulté à être dans le coup ».

« Toutefois, il faut faire son métier consciencieusement et se surveiller constamment pour ne pas être dépassé ».

Défenseur opiniâtre qui ne lâche jamais son vis-à-vis, René Le Lamer adore monter à l'attaque et créer des occasions de but.

Meilleur que jamais à la fin de la saison dernière, René Le Lamer n'est pas de ces joueurs qui réalisent un exploit tous les quatre ou cinq matches. Lui, c'est un joueur sérieux sur qui l'on peut compter en toute occasion.

Cest en cela qu'il est précieux.

Tony EFFLING.

René Le Lamer a été sélectionné trois fois en équipe de France juniors, avec Henri Michel, Loulou Floch, Camerini, etc. ; dix fois en équipe de France militaire et deux fois en équipe de France espoirs. En 1967, contre l'Italie et le Portugal.


René Le Lamer : deux Bastiais ne lui font pas peur.

Merci au Courrier de l'Ouest pour l'article et à cris72 pour le scan.