MARDI 23 NOVEMBRE 1999

Le SCO d'Angers retrouve ses anciens

Le SCO marquait ses 80 ans en invitant quelques-uns de ses anciens pros à côtoyer la jeune classe, samedi. Séquence rétro...

Celui qui refuse de regarder son passé n'a pas d'avenir a dit le philosophe. Ces quinze dernières années, le SCO a bien souffert de ce travers. Au point d'occulter, par exemple, la célébration du cinquantième anniversaire de la section professionnelle en 1995. Tout cela parce qu'à un passé reluisant avait succédé un présent plus quelconque et qu'on n'avait pas vraiment envie que s'établisse le jeu des comparaisons.

En rendant (enfin) hommage à ses glorieux anciens, le SCO a rompu avec sa détestable habitude. Certes, tout ne fut pas parfait. Et loin de là, les « oubliés » étant bien plus nombreux que les « invités ». Michel Stiévenard regrettait, ainsi et à juste titre, l'absence de Dogliani et Alphonse Le Gall celle de Marcel Loncle. Dommage, mais le mieux n'est cependant pas l'ennemi du bien.

Le SCO s'est enfin souvenu qu'il avait un passé et il faisait bon, samedi soir, écouter les anciens raconter leurs exploits d'antan.


Il y a bien longtemps que Claude Bourrigault et ses copains n'avaient pas cheminé des vestiaires jusqu'à la pelouse, un soir de match.

Kowalski et Presch : une explication musclée dans les vestiaires.

Bourigault, Hnatow, Le Gall et Kowalski ont tous les quatre disputé la finale de Coupe de France en 1957. Wladislas Kowalski, « 1,72m, 84 kg et pas un poil de graisse à l'époque » - dixit Alphonse Le Gall - était selon ses propres dires « un peu impulsif ».

Trois jours avant cette fameuse finale perdue contre Toulouse (3-6), il eut une virulente altercation avec son entraîneur Walter Presch : « Il m'a dit que si je continuais, je n'irais pas jouer la finale à Colombes. Dans le vestiaire, je l'ai pris par le colback, je l'ai collé contre le mur et je lui ai dit : si vous faites ça, vous n'irez pas non plus ! ».

René Gallina et Pierre Bourdel étaient respectivement le gardien et le capitaine de la seule équipe angevine à avoir disputé une coupe européenne en 1972 contre le Dynamo Berlin : « Jamais on aurait dû se faire éliminer mais, à Berlin, on s'est fait truander par l'arbitrage ! ». Au même titre que Michel Stiévenard et Jean-Yves Citron également présents, ils étaient les dignes représentants du jeu à l'angevine qui, sous la conduite inspirée de Jean-Marc Guillou, régalait la France entière.

Les couchettes payantes

Près d'eux samedi soir, des plus anciens, Moureau, Saupin et Combot, se souvenaient qu'ils avaient pour partenaires, en 1950 un certain Raymond Kopa : « Le SCO évoluait alors en D 2. Il a fallu attendre 1956 pour monter en D 1 ».

Les plus vieux souvenirs remontent à 1943 et à l'obtention du titre de champion de France amateur. René Samzun et Jean Combot étaient de la partie. Combot avait même marqué le second but d'une victoire contre Besançon (2-0) tandis que le père de René, Félix Samzun, fit prendre au club le chemin du professionnalisme en 1945. « Si le SCO n'était pas passé pro, presque par hasard, je n'aurai sans doute pas fait carrière » précise son fiston qui se souvient aussi « qu'on se déplaçait en troisième classe SNCF et que les joueurs devaient participer s'ils voulaient une couchette ! ». Une autre époque, vraiment.

Benoît Blanchet